Épisode 24 - Le Poulidor de la recherche d'emploi
Quand vous échouez à un entretien d’embauche parce que le candidat retenu avait un meilleur profil que le votre, vous n’avez pas de regrets à avoir. Mais quand vous sentez que l’entretien s’est bien passé, que vous avez eu un bon contact avec le recruteur, que votre profil correspond, qu’on vous confirme que vous avez toutes vos chances, que vous n’avez marché dans aucune crotte de chien avant ou après l’entretien… et que malgré tout cela le poste vous échappe, vous êtes forcément dégoûté.
Vous vous en rappelez probablement si vous êtes de fidèles lecteurs, il m’est arrivé par le passé d’échouer à un recrutement parce que je n’avais apparemment pas montré assez de dynamisme et de motivation au cours de l’entretien. Je m’étais donc promis suite à cette mauvaise expérience que cela ne se reproduirait pas.
J’ai pu le voir sur le long terme, je suis meilleur en entretien que je ne l’étais au début de mes recherches : je suis moins stressé, je me vends mieux, je suis beaucoup plus en mode « winner qui en veut mais bon pas trop quand même », parce qu’il ne faudrait pas non plus donner au recruteur l’impression qu’on ambitionne de prendre sa place dans les deux ans à venir.
Bref, à défaut d’emmagasiner de l’expérience professionnelle, j’emmagasine de l’expérience en entretiens d’embauche. C’est sûrement loin d’être parfait mais je ressens les améliorations au fil du temps et, surtout, il ne m’arrive plus jamais d’avoir des regrets en sortant d’un entretien.
Et pourtant…
Comme je l’évoquais en conclusion de l’épisode 22, j’allais entamer à l’époque une période assez prolifique en ce qui concerne les offres d’emploi et les entretiens d’embauche.
La première piste intéressante, qui est l’objet de cet article, fut une offre d’emploi à laquelle mon profil correspondait totalement : un poste en webmarketing pour un candidat ayant déjà une première expérience dans ce domaine, le tout dans une PME en plein développement.
Ma candidature intéresse le dirigeant qui me convoque à un premier entretien, puis à un second. Mais quelques jours plus tard, il m’apprend qu’il a retenu un autre candidat après, me dit-il, avoir beaucoup hésité.
C’est pourtant pas faute d’avoir tout essayé…
Le premier entretien se passe bien. Je suis reçu par le dirigeant qui a l’air d’être cool et sympa. On échange sur l’entreprise, le poste, mon parcours… Classique. Puis vient le moment de la question fatidique :
« Dites-moi pourquoi je devrais vous choisir plutôt qu’un autre candidat. »
J’ai commencé ma réponse par les banalités usuelles : je suis sérieux, travailleur, j’aime ce métier,… etc. Bref, tout le blabla habituel saupoudré d’une bonne dose de dynamisme permettant de rendre mon discours crédible.
Bien conscient que cela ne suffirait probablement pas à me démarquer de mes concurrents, j’ai tenté les cartes de l’audace et de l’humour réunies :
« C’est mon anniversaire dans quelques jours, ça serait un beau cadeau.
- Oui enfin ça c’est pas vraiment un argument, me répond-il en souriant.
- Je sais, mais ça valait le coup d’essayer. »
Je suis un petit comique, hein. D’ailleurs, ça l’a fait rire. Mais ça n’a pas suffi…
J’ai été convoqué à un second entretien avec un potentiel futur collègue chargé d'évaluer mes connaissances.* Ce petit test s’est bien passé et j’ai eu la confirmation, en revoyant le dirigeant à l’issue de cet entretien, que je faisais partie de la short-list et que j’avais donc de sérieuses chances d’obtenir le poste. Mais je me suis malheureusement fait coiffer au poteau avec photo-finish à l’appui.
Je dois reconnaître quand même que le dirigeant a eu la classe de me rappeler pour m’annoncer de vive voix la mauvaise nouvelle. C’est suffisamment rare pour être signalé, même s’il est resté assez flou dans ses justifications. En effet, après m’avoir dit qu’il avait beaucoup hésité avant de faire son choix, je me suis permis de lui demander sur quels critères il s’était décidé. Après tout, cela ne pouvait que m’aider dans mes futures démarches. J’ai eu le droit à « Euuuh… en fait, euuuh… j’ai beaucoup hésité mais… j’ai choisi un autre candidat ». Deux fois la même réponse vague… N'étant pas d’humeur à prolonger la conversation, je n’ai pas insisté et nous nous sommes quittés bons amis.
Et là, forcément, dans une situation pareille tu te demandes ce que tu peux faire de plus… Et puis surtout, BORDEL, qu’est-ce que « l’autre » a de plus que moi ???
Faut-il que les 3 millions de chômeurs en France (4 ? 6 ?) trouvent un boulot pour que je sois enfin recrutable ?
Ça fait un peu comme le mec désespéré qui drague à coups de « si je suis le seul homme sur Terre, tu sors avec moi ? »
C’est un exemple volontairement exagéré. Il va de soi que je n’aborde pas les filles comme ça, et les recruteurs non plus…
… on ne sait jamais, la réponse pourrait être négative.
Générique : Michael Jackson – Who is it
* Pour mes collègues footeux : on a joué contre lui. Small world, hein ?