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Vive le chômage ! Le blog d'un chômeur
8 octobre 2012

Épisode 34 - Confessions intimes

Je râle, je râle… mais franchement, y a pire que le chômage dans la vie : il y a les meurtres, les viols, les guerres, les prises d’otages, les accidents, la faim dans le monde, la pauvreté, la haine, le racisme, l’intolérance, la torture, les choux de Bruxelles, le baseball, l’université d’été du MODEM…

J’exagère : il arrive parfois que les prises d’otages ne laissent pas un souvenir entièrement négatif aux victimes, notamment quand celles-ci se prennent d’affection pour leurs ravisseurs à force d’avoir passé beaucoup de temps avec eux.

Vous l’avez compris, je fais référence au fameux syndrome de Stockholm.

Rassurez-vous, je n’ai jamais été dans cette situation. Je suis poissard, mais faut quand même pas pousser non plus.

Je n’ai pas été pris en otage à l’époque de la maternelle et n’ai donc pas été sauvé par Sarko en mode super héros*.

Je n’ai pas non plus été enfermé pendant 30 ans dans une cave en Autriche et régulièrement violé sans être foutu de me débattre ni de trouver la sortie.

C’est quand même une sacrée décadence pour un pays qui a dominé l’Europe militairement dans les années 40 et footballistiquement dans les années 50. Aujourd’hui, la moitié de la population est constituée d’immondes pervers qui violent l’autre moitié incapable de se défendre pendant un quart de siècle.

 

Bref, je n’y connais rien dans ce domaine mais j’y consacre tout de même un article parce que je pense, toutes proportions gardées, vivre depuis plusieurs mois le comble du syndrome de Stockholm.

=> Sympathiser avec sa conseillère Pôle Emploi.

Forcément, à raison d’un entretien par mois depuis que je suis au chômage, on commence à se connaître… Depuis notre premier rencard, elle a eu tout le loisir de m’aider à déchiffrer les annonces des offres d’emploi et à décrypter le comportement parfois tordu de certains recruteurs.

Contrairement à une idée largement répandue, tous les conseillers à l’emploi ne sont pas des branleurs incompétents. Voilà au moins une preuve que le Pôle Emploi peut avoir son utilité, même si vous êtes encore très nombreux à vouloir à tout prix éviter d’y aller. D’un autre côté, vu les énergumènes que l’on y rencontre, cela peut se comprendre. Pas très étonnant, du coup, que mon nombre quotidien de visiteurs ne cesse d’augmenter. Loin de moi l’idée de m’en plaindre. Mais assez parlé de moi, et revenons à ma conseillère.

C’est elle qui m’a raconté l’anecdote sur le comportement scandaleux d’une recruteuse qui avait recalé un candidat à cause de la distance, alors qu’elle-même habitait à perpet de son lieu de travail.

 

C’est elle qui m’a expliqué pourquoi leur site comportait si peu d’offres d’emploi. En effet, le Pôle Emploi ne fait évidemment pas payer ce service mais il a pas mal d’exigences au niveau du contenu des offres, par exemple sur les conditions de travail proposées par les entreprises. Ces dernières préfèrent donc publier leurs annonces sur d’autres sites qui leur demandent de payer mais qui, en contrepartie, leur foutent une paie royale.

C’est elle qui m’a expliqué pourquoi les offres d’emploi disparaissent parfois très peu de temps après leur publication sur le site du Pôle Emploi.

C’est elle qui m’a expliqué qu’une offre d’emploi en CDD de longue durée pour un boulot super intéressant avec des missions variées et des responsabilités, si ce n’est pas un remplacement de congé maternité, c’est en fait une période d’essai déguisée : l’entreprise, ne voulant pas prendre le risque de se contenter de la période d’essai règlementaire de deux mois, fait croire qu’il s’agit d’un CDD de six mois ; cela lui permet d’avoir plus de temps pour s’assurer de la fiabilité du candidat. C’est bien entendu illégal, le CDD ne devant servir que pour un accroissement temporaire d’activité ou pour un remplacement. Je l’avais également déjà évoqué dans l’épisode 32.

C’est elle qui m’a donné quelques informations intéressantes sur les aides auxquelles a droit un demandeur d’emploi s’il doit effectuer de longs trajets pour se rendre à un entretien. Cela m’est déjà arrivé puisque, vu la situation merdique du marché de l’emploi, je suis bien obligé d’étendre mes recherches aux départements voisins.

 

Ma conseillère Pôle Emploi m’a également informé en détail sur l’entourloupe qui se cache derrière une grande partie des offres d’emploi en CUI/CAE. C’est le moment de balancer une petite définition copiée/collée sur le site du Ministère du Travail : « Le contrat unique d’insertion - contrat d’accompagnement dans l’emploi (CUI-CAE) a pour objet de faciliter l’insertion professionnelle des personnes sans emploi rencontrant des difficultés sociales et professionnelles d’accès à l’emploi. » Intention louable, donc.

Et évidemment, le service rendu n’est pas gratuit : les entreprises qui embauchent un cassos une personne rencontrant des difficultés… tout ça tout ça, bénéficient d’une « aide financière ». Traduction : l’État prend en charge une partie du salaire. En gros, tout le monde est content. Sauf que…

Sauf que les entreprises n’ont retenu qu’une seule chose : CUI/CAE = sous-sous dans la popoche. Elles y ont vu le moyen de dégoter de bons candidats à moindre frais, sans comprendre un seul instant la spécificité et l’objectif de ce type de contrat. Du coup, la plupart de ces offres sont totalement aberrantes. On y trouve des exigences farfelues telles que « 3 ans d’expérience » ou encore « maîtrise des logiciels Photoshop, Indesign et Illustrator » (les entreprises du secteur de la communication font en effet souvent partie des enc***** profiteuses).

Faut réfléchir deux minutes : si ce contrat est destiné à favoriser les personnes socialement en difficulté, comment peut-on attendre d’elles qu’elles aient des profils en béton ? Cela dit, cette question ne se pose pas si, effectivement, les yeux des recruteurs ne se fixent que sur la partie « aide financière ».

Mais alors comment le Pôle Emploi peut-il laisser passer des offres comme cela ? Là encore, ma conseillère a éclairé ma lanterne. Elle m’a dit que, normalement, les agents de Popole en charge de la publication des offres devraient refuser ces annonces. D’ailleurs, quand elle faisait partie de l’équipe responsable de cette tâche, elle ne les laissait pas passer. Ou alors elle les modifiait, en remplaçant l’expérience demandée par « débutant accepté ». Cela lui valait des remontrances de la part des entreprises en question qu’elle se faisait un plaisir d’envoyer balader, non sans leur avoir rappelé les conditions du CUI/CAE. Elle déplore donc le fait que ses collègues ferment les yeux sur cette pratique et publient ces annonces.

 

And last but not least, pour en revenir au sujet initial, c’est ma conseillère qui m’a inscrit – certes à ma demande – à une prestation de réorientation délivrée par un cabinet de consultants, parce que c’est bien gentil tout ça mais au bout d’un moment il est grand temps que je retrouve du boulot, quitte à devoir changer de domaine ; j’en reparlerai en temps voulu.

Bref, comme vous pouvez le voir, nos entrevues ne se cantonnent pas à faire un point rapide sur ma désespérante situation ; elles sont également agrémentées de discussions fort intéressantes pour ma recherche d’emploi.

Je me permets toutefois d’ajouter quelques bémols à ce portrait jusque-là très flatteur :

- elle me conseille constamment de harceler les entreprises avec lesquelles j’ai passé un entretien. Genre, je dois envoyer un e-mail juste après le rendez-vous pour en remettre une couche sur ma motivation et je dois rappeler le recruteur dès le lendemain pour lui demander s’il a fait son choix… Comme je l’ai déjà dit dans l’épisode sur les entretiens d’embauche, je ne suis absolument pas d’accord avec ce conseil que j’ignore sans hésitation ;

- elle conclut chaque entrevue par un « Bon, ça va bien finir par déboucher sur quelque chose » ; depuis le temps, je me demande si elle y croit encore… ;

- quitte à vivre le syndrome de Stockholm, j’aurais bien voulu que ma conseillère Pôle Emploi soit une suédoise, avec tout ce que ça implique.

M’enfin bon, elle est très sympa, très pro et elle m’est vraiment d’une grande utilité. Je peux difficilement en demander plus.

Oh et puis merde, je fais mon fayoting-out : ma conseillère Pôle Emploi est COMPÉTENTE !

Et je vous emmerde.

 

Générique : The Rembrandts – I’ll Be There For You

 

 * L’avantage d’être petit, c’est qu’on peut se faire un costume de super héros rien qu’avec le slip de Superman.

 

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Commentaires
C
Sympathiser avec sa conseillère, ce n'est pas si rare. Il y a effectivement des agents compétents et qui croient (encore) à leur mission. Malheureusement, il y a aussi tous les autres, pour qui le chômeur est l'état zéro de l'espèce humaine. J'ai connu les 2. Une revue spéciale chômeurs (à ma connaissance la première, "Rebondir", si certains s'en souviennent encore ; je crois qu'elle a disparu depuis) proposait qu'une condition obligatoire d'accès au concours de conseiller Pôle emploi soit le fait d'avoir eu une période de chômage de plusieurs mois. J'ai toujours trouvé que cette idée n'était pas si sotte. Cela remettrait les idées en place à certains.<br /> <br /> Encore bravo pour ton retour dans la vie professionnelle.
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S
Hello, encore un super billet.. oui la quasi majorite des recruteurs passant par des contrats aidés sont des b....ards. je n ai quasi connu que ca comme contrat, je suis de la generation premiere vague des emplois jeunes. le dernier dont j ai oublie le nom fut le summum de la vilenie! cdi a la cle apres un stage de formation de trois mois en entreprise( il va s en dire que je n ai pas été formé) sponsorisé par pole emploi...avec a la cle pour mon employeur une jolie subvention de 1500 euros. Et au bout du 4e mois ils voulaient me virer. je vous passe la suite mes amis car ca donne envie de vomir....j ai tenu 9 mois....viree economiquement. Allez bon courage camarade!
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B
Techniquement, je crois que je peux prétendre au CUI/CAE en tant que chômeur de longue durée (le veinard !). Mais c'est vrai que cette définition est relativement floue, probablement que le Pôle Emploi "valide" l'appartenance ou non d'un demandeur d'emploi à cette catégorie.<br /> <br /> <br /> <br /> Dans les faits, quand on voit l'utilisation que font les entreprises de ces contrats... J'aimerais bien savoir combien de CUI/CAE sont signés par an.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous avez tout à fait raison de souligner que les chômeurs de longue durée ne doivent pas leur situation à leur manque de compétences, mais au nombre famélique de postes disponibles. Et leur inactivité est un lourd handicap qui, aux yeux des recruteurs, n'est pas compensé par leurs compétences.<br /> <br /> <br /> <br /> Et c'est d'ailleurs l'objet de mon prochain article. ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour votre visite et pour votre commentaire. :)
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P
C'est la première fois que je viens sur votre blog et cet épisode m'a bien fait rire. L'humour est le moyen de survivre à cette épreuve. <br /> <br /> Concernant les CUI, on se demande de qui on parle <br /> <br /> "des personnes sans emploi rencontrant des difficultés sociales et professionnelles d’accès à l’emploi". <br /> <br /> Comment faut il traduire ? ne sachant ni lire, ni écrire, ni compter. <br /> <br /> Ca ne peut pas intéresser un employeur. Lui ce qu'il veut, c'est qqn qui répond à ses besoins, qui a donc des compétences. <br /> <br /> Les chômeurs de longue durée ne sont pas des incompétents ; parmi eux on trouve des personnes avec expérience, diplômes... mais la crise étant là, il y a un déséquilibre entre l'offre et la demande.
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