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Vive le chômage ! Le blog d'un chômeur
20 août 2012

Épisode 31 - Hors taf, hors taxes

Je préviens tout de suite, ce billet sera court.

En fait non, c’est l’anecdote qui est courte : cela n’a duré que quelques minutes, il ne s’est pas passé grand-chose (il n’est question que de chômage, bande de cossons), mais comme d’habitude je vais en faire des tonnes et des tonnes.

Un matin, je reçois un coup de fil de mon ancienne école de commerce (l’IDRAC, remember) qui me demande si mon entreprise peut leur verser la taxe d’apprentissage.

En gros, c’est une taxe versée par les entreprises à l’État qui la redistribue afin de financer des Centres de Formations d’Apprentis (CFA). Les établissements d’enseignements, qu’ils soient publics ou privés, peuvent bénéficier directement de cette taxe en allant eux-mêmes faire raquer les entreprises. C’est pour cela qu’ils démarchent les anciens élèves ou les parents des élèves actuels, pour que tout ce petit beau monde fasse passer le message au sein de leurs entreprises respectives.

Il va de soi que, si vous indiquez dans votre fiche de renseignements que papa possède sa propre société et que maman est directrice commerciale d’un grand groupe, vous avez beaucoup plus de chances que votre lycée/fac/école fasse appel à vous. C’est loin d’être mon cas, mais cette taxe représente en moyenne de 10 à 15% du budget de certaines grandes écoles. Comme vous le voyez, les enjeux financiers sont énormes ; d’où l’intérêt de démarcher un maximum d’élèves, actuels ou anciens.

 

Bref, en tant qu’ex-idracien, je reçois donc ce fameux coup de fil de mon ancienne école. Je réponds d’un ton cassant que ça va être compliqué de demander ça à mon entreprise vu que je suis au chômage depuis un an. Gênée, mon interlocutrice bafouille un « Ah… oui… en effet. Bon bah au revoir… ». Et bim badaboum, c’est torché en 30 secondes chrono.

Faut dire que j’étais pas d’humeur à me faire vidanger l’arrière-train ce jour-là, et encore moins à cet instant précis. Le hasard fait que je revenais de mon rendez-vous de suivi à Pôle Emploi quand la nana m’a appelé. Le rendez-vous qui ne tombe qu’une fois par mois… Drôle de coïncidence. Et en plus, elle m’a appelé en plein sur le trajet du retour (je précise que j’étais en bus, j’ai pas répondu en conduisant, hein). Donc ce coup de fil pouvait arriver n’importe quel autre jour, ou alors le même jour mais à un tout autre moment de la journée ; mais non, ça tombe pile le jour du RDV, et pile en revenant du Pôle Emploi. J’en connais un Là-Haut qui doit bien se fendre la poire, des fois.

Tout ça pour dire que j’ai envoyé chier la nénette de l’IDRAC. Ok, c’était pas de sa faute… Elle pouvait pas savoir que j’étais au chômage, ni qu’elle m’appelait à la sortie du cimetière pour demandeurs d’emploi.

Mais par les saintes culottes de Mac Gregor, ça fait du bien !

D’un autre côté, c’est un peu de ma faute. Je reçois tous les ans le questionnaire qu’ils envoient à leurs anciens élèves pour connaître leur situation professionnelle, et je n’y réponds jamais. Forcément, ils ne pouvaient pas savoir que je n’avais pas de boulot. En même temps, je me demande bien s’il y en a qui y répondent, à part ceux qui ont une putain de bonne situation et qui veulent que la Terre entière le sache. Et quand bien même j’y aurais répondu, je suis persuadé qu’ils n’auraient pas vérifié ma situation et qu’ils m’auraient démarché. Là, je leur aurais pourri la tronche.

 

Cet énième accès de colère de ma part ne s’explique pas par le fait que je sois un gros connard éternellement en pétard contre le reste de l’humanité. Enfin si, mais pas uniquement.

Comme je l’avais expliqué dans l’article où je raconte mon parcours, je garde un souvenir amer de mes premiers contacts avec l’IDRAC. Souhaitant faire la formation en alternance mais ne trouvant pas d’entreprise pour m’accueillir, j’ai perdu une année durant laquelle l’école m’a appelé en tout et pour tout quatre fois pour me dire qu’elle n’avait pas d’offre pour moi et pour me rappeler qu’il faudrait que je paye si je souhaitais faire la formation en continu. Bizarre quand on sait que l’établissement se vante d’avoir un réseau conséquent d’entreprises partenaires, tout aussi prêtes les unes que les autres à accueillir des étudiants en stage ou en alternance.

J’ai eu tout le loisir de vérifier par la suite que leur soi-disant réseau est absolument inexistant. Chaque année, les membres de l’équipe pédagogique se contentent d’aller voir les entreprises qui accueillent des stagiaires ou des alternants pour faire semblant de s’intéresser aux étudiants et à leur intégration au sein de l’entreprise ; ils se ramènent avec, en guise de cadeau, un pack de 4 pauvres fluos tellement petits que le bouchon à lui tout seul prend la moitié du stylo, tout ça pour demander si l’entreprise peut reprendre un étudiant l’an prochain. Super, le réseau.

C’est bien maigrichon quand on compare avec les écoles qui publient elles-mêmes des offres pour effectuer une alternance dans une entreprise partenaire. Certes, l’IDRAC n’est pas une immense école ; mais sans aller jusqu’à taper dans le top 10 national, il y a pas mal d’établissements avec un réseau suffisamment important pour aider les élèves dans leur prospection ; une recherche rapide de ce genre d’offres sur Internet permet de facilement le vérifier.

Je ne demande pas non plus que tout me soit apporté sur un plateau d’argent. Il est tout à fait normal pour un étudiant de chercher par lui-même une entreprise pouvant l’accueillir en alternance, ce que j’ai fait en vain. Mais il est tout autant normal de s’attendre à ce qu’une école de commerce soit en mesure d’aider certains de ses étudiants dans cette démarche fastidieuse. Surtout quand l’école en question veut faire croire qu’elle peut soutenir la comparaison avec ses concurrentes, notamment en ce qui concerne le réseau, alors que dans les faits il n’en est rien. Et le coup des quatre appels en un an pour me dire « on n’a rien pour vous, n’oubliez pas de payer », je l’aurai de travers aussi longtemps que j’aurai à rembourser mon prêt étudiant… donc pendant encore deux mois.

Il faut également savoir que l’IDRAC envoie de temps à autre des offres d’emploi par e-mail à ses anciens élèves. L’intention est louable, à ceci près que ces offres sont totalement pourries. Pour être plus précis, elles ne conviennent pas vraiment au public visé. Pour vous donner un exemple concret : la plupart du temps, ce sont des offres de commerciaux avec X années d’expérience. Déjà, le boulot en lui-même… bon, ça passe encore, même si c’est pas vraiment le job qu’on vise en intégrant ce genre d’établissements. En revanche, le truc marrant c’est que l’expérience demandée est parfois hallucinante ; une fois, elle était même supérieure au nombre d’années d’existence de l’école, celle-ci ayant été implantée il y a peu. L’école créée il y a 5 ans qui transmet à ses anciens élèves une offre d’emploi où l’on demande 10 ans d’expérience… Logique.

Du coup, la pauvre nénette qui m’a dérangé ce jour-là a pris pour tous ses collègues. Pas très classe, j’en conviens ; mais sur le coup, c’est sorti tout seul.

 

Pour conclure, je tiens quand même à rappeler que ce blog me sert de défouloir. J’y raconte mes petits tracas de chômeur de manière parfois très exagérée parce que c’est plus marrant à écrire et à lire ainsi. Il ne faut donc pas tout prendre au premier degré. En vrai, je ne suis pas 24h/24 en train de partir en guerre contre tout et n’importe quoi. Genre la nuit, je dors… Ok, mauvais exemple.

Mais avouez-le, vous aimez bien que je fasse mon gros râleur. Donc finalement, il faut voir cela avant tout comme du fan-service !

Et pour ma défense, je réponds toujours aux enquêtes téléphoniques, sondages d’opinions, démarchages publicitaires et renseignements en tout genre. Indépendamment du fait que je n’ai pas grand-chose de mieux à foutre de mes journées, cela témoigne quand même d’une certaine patience et d’autant de sympathie de ma part.

Alors pour une fois, et pas n’importe laquelle, FUCK !

 

Générique : Les Inconnus – Rap-Tout

 

Bonus track : La version sur scène

 

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Commentaires
B
Bienvenue sur ces pages, collègue. ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ma part, j'ai surtout choisi l'école la moins chère qui avait en outre l'avantage d'être dans ma ville. Et je reconnais m'y être aventuré un peu à l'aveugle, bien content que j'étais de pouvoir continuer mes études. Mais sur le marché du travail, elle ne vaut effectivement pas un clou.<br /> <br /> <br /> <br /> L'orientation est un sujet bien trop sérieux pour se permettre de le prendre à la légère, et tu as tout à fait raison de souligner que nous avons notre part de responsabilité en cas d'échec.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour ton message et bon courage pour ton mastère, si tu es encore en plein dedans.
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S
J'ai moi-même été diplômé de cette "école" (site de Paris) en 2008, et les conséquences sur mon entrée dans la vie actuelle se sont aussi faites ressentir.<br /> <br /> Au point où j'ai décidé cette année même de reprendre une année de mastère spécialisé dans une école qui tient d'avantage la route au niveau de la renommée et du réseau.<br /> <br /> <br /> <br /> Soyons honnête, et reconnaissons notre erreur: l'école joue à 50% de chances de trouver un emploi en profils JD et juniors.<br /> <br /> Certes, j'ai choisi le marketing qui n'est pas une voie facile ces temps-ci, mais je pense qu'opter pour ce type d'école, une post-bac sans grade de master et un visa sur un seul de ses sites, non membre de la Conférence des Grandes Ecoles, c'est se tirer une balle dans le pied.<br /> <br /> <br /> <br /> Il est capital de bien choisir son orientation.<br /> <br /> <br /> <br /> en attendant, courage dans cette adversité qu'est l'inactivité.
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B
Merci beaucoup pour les compliments ! J'essaie en effet de tout prendre à la rigolade pour ne pas passer mes journées à broyer du noir. Et je prends beaucoup plus de plaisir à écrire de cette manière plutôt que de tenir un blog balai-dans-le-c** avec de vrais conseils de pros et des images de jeunes cadres dynamiques en costard-cravate et dents blanches qui se sourient devant un paperboard, comme sur les paperasses du Pôle Emploi.<br /> <br /> <br /> <br /> Bon courage à toi, je te souhaite de pouvoir brûler au plus vite ta maîtrise en chômage. ;)
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S
Je découvre ce blog alors que je cherchais d'obscurs renseignements sur un obscur mail qu'un obscue recruteur vient de m'envoyer (oui moi aussi j'ai une maîtrise en chômage) et c'est encore mieux que si j'avais trouvé la réponse à ma question car là je me marre !<br /> <br /> Bref merci pour ces billets. C'est con mais je préfère les gens qui souffrent que ceux béats de bonheur qui se sentent obligés de l'afficher (et même pire desfois ils se plaignent). En plus la même galère et raconter avec un réel talent. Je te dis pas bonne chance car je suis trop aigrie pour ça mais courage quand même !
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