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Vive le chômage ! Le blog d'un chômeur
15 mai 2012

Épisode 26 - If it doesn't fit, you must acquit

Comme je l’ai évoqué précédemment, j’étais à l’époque en plein dans une période où les offres d’emploi intéressantes grouillaient, offres auxquelles mon profil correspondait. De plus, n’étant au chômage « que » depuis un an (si je puis dire), je ne prenais pas encore en pleine tronche l’argument de la trop longue inactivité, ce qui fait que mes candidatures ne terminaient pas lamentablement leur parcours à la poubelle. Cette période est aujourd’hui malheureusement révolue, mais n’anticipons pas trop les futurs articles.

Un beau jour - en fait non, un jour normal donc un jour de merde -, je trouve sur le site du Pôle Emploi une offre intéressante pour un poste de webmarketeur spécialisé en référencement commercial.

Vous me connaissez, je ne suis pas du genre à tartiner du texte inintéressant et pas en rapport avec le contenu de l’article uniquement dans le but de gonfler ledit article de quelques lignes. Une fois n’est pas coutume, je vais faire une petite parenthèse pour expliquer en quoi consistait ce poste, et surtout pourquoi j’étais objectivement le candidat idéal.

 

L’objectif principal du webmarketeur est l’acquisition de trafic. Il y a différentes manières de faire venir les internautes sur un site Internet, l’une d’entre elles étant le référencement qui consiste à optimiser le positionnement du site en question sur les moteurs de recherche. Il ne s’agit pas seulement de l’indexer, c’est-à-dire de l’ajouter à la base de données du moteur de recherche ; il faut aussi qu’il y soit bien positionné.

La comparaison qui revient souvent pour expliquer ce métier est celle du supermarché : il ne suffit pas que le supermarché place votre produit dans ses rayons, il faut également qu’il soit positionné à des endroits stratégiques afin d’attirer le client.

Au niveau des moteurs de recherche, on distingue deux référencements :

- le référencement naturel : en anglais, Search Engine Optimization (SEO). Comme son nom anglais l’indique (bien plus que le français en tout cas), il s’agit d’optimiser son site et sa communication afin d’améliorer son positionnement dans ce qu’on appelle les SERP (Search Engine Result Pages, bin oui le marketing c’est un truc de djeun’s qui speak english, get used to it). Les leviers d’amélioration de ce positionnement sont nombreux : qualité et originalité du contenu, ergonomie du site, popularité et notoriété du site, fréquence des mises à jour,… etc. La légende veut que l’algorithme utilisé par le Dieu Google contienne plus de 200 critères… L’argent n’en fait pas partie : vous pouvez bien évidemment payer quelqu’un pour effectuer cette prestation, mais vous ne pouvez pas « acheter » à Google un meilleur positionnement ;

- le référencement commercial : en anglais, Search Engine Advertising (SEA). Cette fois, c’est l’appellation française qui est plus explicite. Il ne s’agit pas ici de qualité mais bien de pépettes. Vous déboursez de l’argent pour être bien positionné sur un mot ou une expression clé. Cela fonctionne sur un système d’enchères : plus votre enchère est élevée, plus votre annonce est bien placée. Et dès qu’un internaute clique sur votre annonce, le moteur de recherche vous débite du montant de votre enchère. La gestion du budget est donc primordiale. Dans les faits, c’est plus complexe puisque la qualité du texte de votre annonce entre également en compte ; de plus, vous n’êtes pas nécessairement débité du montant exact de votre enchère, cela peut être un montant inférieur.

Prenons un exemple pratique : allez sur Google et cherchez « lunettes de soleil ». Les résultats de la colonne centrale sont issus du référencement naturel : ils sont classés en fonction de la qualité et de la pertinence des sites par rapport à votre recherche. Les résultats de la colonne de droite sont issus du référencement commercial : ils sont classés en fonction des enchères mises sur cette expression par les possesseurs de chaque site. Selon les cas, vous pouvez également trouver ces annonces en haut de la colonne centrale (donc juste au-dessus des résultats « naturels »), sur fond jaune, bleu ou rose. En cliquant sur l’un de ces liens, vous ferez dépenser une certaine somme au site en question. Ce service proposé par Google s’appelle Google Adwords.

Dans le détail, on pourrait parler d’autres référencements, tels que celui des réseaux sociaux (Social Media Optimization - SMO) ou encore le référencement géolocalisé (sur Google Maps, par exemple) ; but this is not the point.

 

À la base, pour mon précédent job, j’avais été embauché pour faire du référencement naturel. Ça tombait bien, je ne savais faire que ça. Mais au bout de quelques mois, mon employeur m’a demandé d’étudier le fonctionnement de Google Adwords afin que notre entreprise puisse proposer ce service. C’est ainsi que j’ai été chargé d’effectuer des prestations de référencement commercial pour des clients ; je sais donc mener une campagne de SEA, créer des annonces pertinentes, gérer un budget, et tout et tout…

Je sais : c’est long, chiant et je n’ai pas été drôle une seule fois. Mais ça va vous permettre de mieux comprendre ce qui va suivre ; et surtout, ça va mettre fin une bonne fois pour toutes aux idées fausses de certains membres de mon entourage qui croyaient dur comme fer que j’étais acteur porno.

NON ! WRONG ! FALSCH ! ULCA* ! Je référençais des sites de cul. Nuance.

Petite précision, au cas où ma présentation du référencement aurait éveillé une vocation chez vous : ça fait deux ans et demi que je suis au chômage. Libre à vous de tenter votre chance…

Maintenant que j’ai explosé pour un bon millier d’années le record du plus gros hors sujet, anciennement détenu par O.J. Simpson pour son essayage de gants qui lui avait permis de rallonger de 24 heures son procès**, je peux revenir à ma petite histoire.

 

Comme je le disais en début d’article, l’offre d’emploi concernait un poste en référencement commercial. L’entreprise cherchait un candidat ayant bac+4 avec une première expérience souhaitée. Mon profil correspondait donc totalement, que ce soit au niveau des diplômes, de l’expérience ou des compétences. Donc, sans aller jusqu’à penser que j’obtiendrai le poste, j’ai envoyé ma candidature en étant raisonnablement optimiste sur mes chances de décrocher un entretien.

Une semaine passe, puis une autre, puis une troisième… Pas de nouvelles de l’entreprise.

Bon, là je fais comme si je me rappelais précisément de tout alors que ce n’est pas tout à fait exact. Ça date pas d’hier donc j’ai pas tous les détails en tête… Disons qu’il s’est passé un certain laps de temps relativement long sans que je n’obtienne de réponse, fusse-t-elle négative.

Je décide donc d’appeler l’entreprise parce que bon, au bout d’un moment, ça suffit hein. Zut, quoi.

À l’autre bout du fil, mon interlocuteur m’informe que ma candidature n’a pas été retenue. Mais ce n’est pas tout… Il me dit également que l’entreprise n’a recruté personne, car elle n’a été satisfaite par aucune des candidatures reçues.

Très déçu de n’avoir même pas décroché d’entretien, je n’insiste pas et je raccroche. Très déçu, mais également très perplexe par rapport à ce que j’ai entendu.

Aucun candidat recruté ? Que mon profil ne corresponde pas à l’offre, sans être prétentieux, j’avais déjà beaucoup de mal à y croire. Mais après tout, pourquoi pas. En revanche, comme j’en ai fait de nombreuses fois l’amère expérience, il y a énormément de postulants pour chaque offre de ce genre. Sur le coup, je me demande donc comment l’entreprise a pu ne pas trouver son bonheur parmi tous les CV reçus.

Et puis ensuite, je me remémore un minuscule détail que j’avais jusque-là occulté : l’entreprise proposait le SMIC comme salaire. Aucune candidature reçue n’était satisfaisante ? Mon cul… Il est plus probable que, ayant reçu des CV de candidats qui avaient un bon niveau d’études doublé d’une expérience significative, l’entreprise ait eu peur que chacun d’entre nous exige un salaire plus conforme à nos profils respectifs.

Qu’ils tiennent ce raisonnement, passe encore… Mais ce qui est stupide de leur part, c’est de ne pas avoir pris la peine de me demander quelles étaient mes prétentions salariales, ne serait-ce qu’au téléphone avant même d’envisager de me convoquer pour un entretien. Après tout, au bout d’un certain temps au chômage, j’aurais carrément était disposé à faire des concessions. Peut-être ont-ils questionné d’autres candidats à ce sujet, mais ça ne change rien au fait qu’ils n’ont finalement recruté personne.

Toujours est-il que, si c’était pour entendre de telles conneries, j’aurais mieux fait de ne pas les appeler.

 

Je n’ai plus jamais eu de nouvelles de cette entreprise, pas plus que je n’ai vu d’autres offres d’emploi publiées par elle.

Bof, pas grave. Après tout, je croule sous les propositions d’embauche, hein…

 

Générique : Depeche Mode - Enjoy the Silence

 

* J’ai tenté l’elfique mais je suis pas très sûr de mon coup. Introuvable en Klingon, en tout cas.

** C.f. le titre de l’article, allez donc vous cultiver sur Wiki.

 

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