Épisode 3 bis - Bonus track
Si vous êtes des lecteurs assidus, et je n’en doute pas une seconde, vous vous rappelez que j’avais déjà été au chômage entre la fin de mes études et mon premier emploi, pendant quatre petits mois.
J’avais alors été convoqué par l’ANPE (à l’époque) pour faire le point sur ma situation et mon profil. Cela avait donc été mon vrai premier contact avec ce merveilleux organisme.
Je suis reçu par une conseillère qui me fait m’installer et qui tourne son écran de manière à ce que je puisse voir ce qu’elle va saisir. Si si, c’est un détail important.
Et là, c’est le choc.
Franchement, quand tu vois sur quel matos le personnel de l’ANPE travaille, tu émets intérieurement de sérieuses réserves sur leur capacité à te trouver des offres d’emploi intéressantes, ou à t’aider de manière plus générale.
Description de la bête : un espèce de minitel à l’apparence toute vieillotte, jaunâtre, avec un clavier et une souris qui portent des stigmates trahissant de trop nombreuses utilisations.
L’affichage n’est pas beaucoup plus reluisant. La police est immense (il y a quoi comme résolution en dessous de 800x600 ? ^^), l’écran ne semble pas capable d’afficher plus de huit couleurs différentes et le tout est affreusement pixellisé.
Bref, le genre d’engin qui peut faire tourner Pong mais qui rame si quelqu’un tente de jouer à Asteroids. Tu lances Space Invaders et c’est l’explosion assurée.
Je sais, ce sont des bornes d’arcade et non des jeux PC. Ne faites pas les difficiles.
L’habit ne fait pas le moine donc j’accorde le bénéfice du doute à cette antiquité*. On ne sait jamais, le système est peut-être très au point.
La conseillère me demande dans quel domaine je cherche un emploi. Je lui réponds le marketing, elle lance la recherche… et ne trouve rien.
Pong est sorti en 1972. Oui, ça colle bien avec les données de leur serveur. Le marketing ne devait pas exister à cette époque-là.
Donc d’après l’ANPE, je cherchais un métier qui n’existait pas. C’est sur, je ne risquais pas de trouver du boulot… Rétrospectivement, je me dis que j’aurais du faire breveter le marketing. Si ça se trouve, personne n’y avait pensé avant. Maintenant c’est trop tard, tant pis.
Ma nouvelle super copine ne baisse pas les bras et étend sa recherche. Sans grande conviction, elle me demande :
« Ça vous va si je vous répertorie comme chef de produit ? »
Comme si j’avais le choix… Vas-y cocotte, fais-toi plaisir.
Ne croyant pas des masses à la probabilité que l’ANPE me trouve du travail, je n’accorde pas une grande importance à ce qu’elle peut saisir sur son fossile d’ordinateur. Elle aurait aussi bien pu mettre boulanger qu’embaumeur, ça ne m’aurait pas empêché de dormir.
Après d’autres formalités, l’entretien touche à sa fin. La conseillère me propose de fixer la date de mon prochain rendez-vous, en me précisant qu’il n’aura pas lieu dans cette agence mais dans une autre, spécialisée dans l’emploi des cadres.
Autant j’avais laissé passer le coup du marketing introuvable remplacé par le chef de produit, autant là je me décide à la couper dans son délire :
- Euh… je sors des études, je ne suis pas cadre.
- Ah… Mais vous avez fait une école de commerce…
- Oui, mais je n’ai pas d’expérience, je ne peux pas postuler à un poste de cadre.
- C’est vrai… Mais « chef de produit », c’est le statut cadre.
- Oui - micro pause zen - mais je ne suis pas chef de produit, vous avez mis ça par défaut.
C’était cinq petites minutes auparavant mais cette cruche avait réussi à l’oublier.
- Bon… vous reviendrez ici pour votre prochain rendez-vous, vous verrez à ce moment-là dans quelle agence vous devrez aller les fois suivantes.
Ah bah oui, tiens. Trop hâte d’y être… Heureusement, j’ai trouvé mon premier emploi peu de temps après et ai ainsi évité ce « prochain rendez-vous ».
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J’aime bien l’idée d’insérer un flash-back, ça rompt la monotonie pour le lecteur et ça donne un petit côté « Lost ». Du coup, j’ai gâché le suspense pour le générique de fin. Tant pis.
Générique de fin : Michael Giacchino - Oceanic 815 (Lost OST)
* « Antiquité » fait référence à l’ordinateur, et non à la conseillère ANPE… :)